AVSF valorise l’ingéniosité des systèmes agricoles traditionnels pour mener des actions de régénération des terres afin de répondre aux crises environnementales, économiques et sociales que subissent les paysans haïtiens.

Parcelle agroforestière par excellence, le jardin créole (lakou) est un modèle d’agroécologie. Associant jusqu’à 69 espèces de plantes différentes sur une même zone, il est essentiel à l’autosuffisance des exploitations de montagne. Tout à la fois lieu d’élevage, espace de loisirs ou de bien-être, protection anti-intempéries, il permet l’autosuffisance alimentaire, l’auto-approvisionnement et une régularité des revenus paysans.

69 espèces de plantes associées

Produire sans détruire

Entre 43 et 50% d’augmentation des rendements

Ces plantations permettent de préserver une grande biodiversité végétale et animale (nidification des oiseaux notamment) tout en augmentant les rendements et les revenus pour les producteurs. Et les résultats sont probants. Au total, l’appui d’AVSF à l’intensification écologique des systèmes cacaoyers et caféiers a permis le réaménagement de plus de 500 hectares et d’améliorer les conditions de vie et de cultures de 1000 familles. En permettant la croissance d’espèces associées au jardin créole lors de régénération de vieilles caféières, les coopératives UCOCAB et COOPCAB (200 caféiculteurs) ont augmenté leurs rendements de respectivement 50 % et 43 % entre 2017 et 2018. Ces résultats encourageants reposent sur le système de l’agroforesterie, associant arbres et plantations.

Associer arbres et plantations

Pour produire café et cacao de qualité, les familles paysannes associent traditionnellement une diversité d’arbres à leur plantation. Des fruitiers tels qu’avocatiers, manguiers, orangers, pamplemousses, bananiers, et aussi d’autres variétés servant au bois de chauffage, de construction ou d’ameublement, protègent les jeunes plants d’un ensoleillement excessif. Et si cacao ou café constitue le « cœur » de cet agrosystème, d’autres plantations associées offrent un complément de revenu qui, étalé sur l’année, financent les frais courants (école, soins médicaux, etc.). Outre ses multiples fonctions économiques, la biodiversité et la structure en strates du jardin lakou permettent de valoriser les ressources biologiques, organiques et minérales disponibles.

//narretonspasleprogres.org/app/uploads/sites/6/2018/11/haiti-1.png

Gérer la fertilité, protéger les sols, promouvoir la biodiversité

Lorsque c’est possible, la famille élève quelques porcs dans un enclos, qui valorisent les déchets de la cuisine et des cultures. Si l’exploitant en possède, chèvres, ânes et bœufs sont conduits « au piquet » dans les parcelles : des bananiers sont souvent plantés à proximité pour valoriser cette fertilisation spatialement concentrée. Des légumineuses (pois, arachides, carnavalia, etc.) sont plantées pour capter l’azote de l’air et le fixer dans le sol, réduisant d’autant le besoin en intrants chimiques pour optimiser la production. Cette gestion de la fertilité fait du jardin lakou un des systèmes de culture les plus performants en Haïti.

Par ailleurs, dans des conditions climatiques et topographiques difficiles (cyclones et précipitations surabondantes, saison sèche marquée, pentes fortes) l’association arbres et cultures - principe de l’agroforesterie - protège les sols de l’érosion.

AVSF lancera en décembre deux nouveaux projets impliquant 1100 familles paysannes de la région Sud. Ces projets misent sur ces agrosystèmes et ces pratiques agroécologiques pour générer emplois et revenus à long termes, notamment pour les jeunes et les femmes, encore très vulnérables dans ce pays.

Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières Association Reconnue d'Utilité Publique
45 bis, avenue de la Belle Gabrielle - 94736 Nogent-sur-Marne Cedex - France
14, avenue Berthelot Bâtiment F bis - 69007 Lyon - France